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Parlez-moi d’amour, parlez-moi de 1994

Cet essai a paru dans le programme-souvenir du gala de Projet Baseball Montréal soulignant les 20 ans des Expos de 1994, qui avait lieu le 29 mars 2014.

Parlez-moi d’amour, parlez-moi de 1994

Par Mark Paterson
Traduit par Philippe Georgiades

Mille neuf cent quatre-vingt quatorze. Pour tout fan des Expos de Montréal, ces mots touchent une corde sensible. Il ne faut qu’une seconde pour les prononcer et deux secondes pour les écrire, mais ils rappellent des émotions et des souvenirs si puissants, dans notre mémoire pour toujours. Mais comment une seule saison peut-elle signifier autant? Pour tout ce qui est venu avant, tout ce qui est arrivé par la suite et surtout, tout ce qui se produisait sur le terrain, 1994 fut l’heure de gloire des Expos.

Non seulement les Expos de 1994 étaient bourrés de talent, ils étaient bourrés de jeune talent. De Très jeune talent. De la rotation de partants à l’enclos des releveurs en passant par l’offensive explosive, l’âge moyen de l’équipe s’élevait à 26 ans à peine, soit la plus jeune des majeures. Ils avaient la puissance, ils avaient la vitesse, ils avaient des bras puissants – tant au monticule qu’en défensive – mais encore plus important, l’équipe allait devenir encore meilleure.

Cette abondance de jeunesse était dirigée par la sagesse, l’expérience et le savoir-faire du gérant Felipe Alou. Alou pilotait l’équipe depuis le 22 mai 1992, alors qu’il devint le premier gérant dominicain des majeures, après une longue et fructueuse carrière en tant que joueur et plusieurs années comme gérant dans les rangs mineurs et entraîneur à divers niveaux dans l’organisation des Expos. Son arrivée dans l’abri des joueurs a marqué le début d’une renaissance pour la franchise, tant sur le terrain que pour les fans. L’excellence d’Alou au sein de l’édition de 1994 lui valut le titre de gérant de l’année dans la Nationale. Son travail l’a élevé au statut de légende à Montréal, statut qui perdure encore aujourd’hui.

La fiche de 74 victoires et 40 défaites des Expos en 1994, la meilleure de tout le baseball, est impressionnante. Mais les succès de l’équipe en juin, juillet et jusqu’à l’arrêt de travail en août donnent une idée précise de la domination de la troupe de Felipe. Revendiquant un dossier de 46-18 au cours des 64 derniers matchs (une impressionnante fiche de ,718!), les jeunes et puissants Expos avaient atteint leur vitesse de croisière. L’équipe a atteint le sommet de la Nationale est le 8 juillet, alors qu’elle rejoignait les Braves d’Atlanta suite à une victoire de 14-0 contre les Padres de San Diego. Montréal et Atlanta ont valsé en tête du classement dans l’est pendant près de deux semaines, puis, le 20 juillet, après la troisième victoire de ce qui allait devenir une séquence de huit gains consécutifs, les Expos s’emparaient du premier rang fins seuls pour y rester. Non seulement ils trônaient au premier rang, mais ils se dirigeaient vers les séries d’après-saison et, guidés par le talent et la confiance à toute épreuve qui les caractérisait, une présence en Série mondiale semblait inévitable. Au moment de la fin abrupte de la saison 1994, les Expos avaient six matchs en main sur les Braves.

Mais ce soir, 20 ans après la saison de rêve, 20 ans après que Nos Amours avaient la meilleure fiche des majeures, l’heure n’est pas à la tristesse. Les amateurs des Expos attendaient ce moment depuis si longtemps. Nous savons tous ce qui est arrivé, nous détestons tous ce qui est arrivé. Mais à quoi bon s’apitoyer? Le temps arrange les choses, il permet de remplacer l’amertume par l’espoir et par le fait même, nous apprendre que le moment que nous attendions tous est toujours bien là. Essayez par vous-mêmes. Vous souvenez-vous? Nous y étions. Nous y avons goûté. Nous l’avons ressenti. Tout ça n’a pas duré aussi longtemps que ça aurait dû, mais nous l’avons eu. Les Expos de Montréal de 1994 formaient une équipe très spéciale. Les Expos de 1994 étaient la meilleure équipe du baseball. Les Expos de 1994 sont toujours des champions dans nos cœurs.

Et ça, personne ne peut nous l’enlever.

À l'arrière/Back row: Joey Eischen, Sean Berry, Cliff Floyd, Wil Cordero, Marquis Grissom, Tim Scott, Moises Alou, Larry Walker, Tim Spehr, Rondell White, Heath Haynes, Denis Boucher, Gil Heredia, Pierre Arsenault. À l'avant/Front row: John Wetteland, Ken Hill, Joe Kerrigan, Felipe Alou, Kevin Malone, Darrin Fletcher, Lou Frazier.