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Un vent de changement

« La vie n’est pas un sport de spectateur.  Si vous passez votre vie entière dans les estrades à simplement regarder ce qui se passe, à mon avis vous gaspillez votre vie. »Jackie Robinson

Je m’identifie vraiment à ces mots de Jackie Robinson, surtout après le tourbillon des dernières semaines.  Le 20 mars dernier, le Projet Baseball Montréal annonçait une importante étude de faisabilité quant à la possibilité du retour du baseball majeur à Montréal.  Deux semaines plus tard, nous avons présenté l’avant-première de 42, un long-métrage qui raconte l’histoire de Jackie Robinson, dans un Cinéma Banque Scotia plein à craquer.  Il va sans dire qu’il n’était pas question de s’asseoir dans les estrades au cours de cette aventure.  Je ne le ferais autrement.

J’étais si heureux d’annoncer cette bonne nouvelle en compagnie de représentants de la Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain, Ernst & Young et BCF.  L’étude de faisabilité sera méticuleuse, franchissant toutes les étapes nécessaires, une à la fois.  Elle est entre de très bonnes mains.  Et la réaction à cette annonce a été fantastique, surtout à Montréal, mais aussi partout au Canada et même aux États-Unis.  Un match d’ouverture représente toujours l’espoir et pour la première fois depuis longtemps cette année, Montréal a eu le sien.

At the advance screening of 42

Le 3 avril, PBM a présenté une avant-première du film 42 au centre-ville de Montréal.  Nous sommes la seule ville canadienne à avoir le film si tôt; pas si mal pour une ville sans équipe!  Une salle remplie d’amateurs de baseball assistait au film et je peux vous dire que la passion de cette ville pour le sport ne faisait, encore une fois, aucun doute.  Il y avait une mer de casquettes, de chandails (aux couleurs des Expos bien sûr) et de sourires.  Le film comme tel était fantastique, peut-être le meilleur film de baseball jamais fait.  Tout athlète Noir à faire carrière au cours des 66 dernières années peut remercier Jackie Robinson.  Et comme le film en fait si bien état, tous, Noirs, Blancs, verts, rayés, peu importe, devons une fière chandelle à Jackie Robinson.  En démontrant que la couleur de la peau ne veut rien dire entre les lignes du terrain de baseball, il nous a fait réaliser qu’il devrait en être de même à l’extérieur du terrain.  On travaille toujours là-dessus, mais on a fait beaucoup de chemin depuis que Robinson a traversé l’enfer pour nous tous.  Claude Raymond était sur place et en a profité pour raconter une tranche d’histoire vécue.  Il a raconté à la foule ses jours dans les mineures, aux côtés de Ed Charles, dont il est question dans le film.  Claude racontait que dans certaines villes, l’équipe s’arrêtait dans des restaurants qui refusaient de servir les Noirs.  Alors Claude allait porter un sandwich à Ed qui devait attendre dans l’autobus.

Claude Raymond

Dans le cinéma, animant la soirée, je ressentais la présence de Jackie Robinson.  Je pensais à cette aventure que j’avais commencée tout juste un an auparavant.  Et comme je regardais dans les yeux des gens affamés pour le retour du baseball dans leur ville, ce que je ressentais ne démentais pas : quelque chose est en train de se passer, un vent de changement.

Je réfléchissais au fait que le baseball transcende le sport.  Il apaise, il a cette capacité de rassembler dans les moments de tragédie.  Le baseball a cet effet calmant; pensons au 11 septembre, quand il a remis l’Amérique sur ses pieds alors que le président Bush a effectuait le lancer protocolaire au Yankee Stadium de New York.  Je pensais au fait que le baseball rassemble neuf personnalités différentes au sein d’une équipe.  Les joueurs n’ont peut-être rien en commun mais deviennent une équipe et font fi de leurs différences.  Après le match, certains joueurs peuvent sortir ensemble, d’autres partent de leur côté, mais quand le prochain match débute, quand ça compte, ils forment à nouveau une équipe.

Le baseball peut avoir cet effet pour la ville de Montréal.  Le baseball a ce don d’unir les gens.  Imaginez ce qu’un nouveau stade et le retour du baseball majeur peuvent faire pour Montréal.  Un but commun à atteindre ensemble.  Mon équipe, les Expos, a été baptisée d’après l’Expo 67, une des plus grandes réalisations de la ville, un grand moment de fierté.  L’Expo était un moment de célébrations, d’émerveillement et d’optimisme envers l’avenir.  Le sentiment qu’une ère nouvelle et extraordinaire se pointait à l’horizon.  Le Projet Baseball Montréal a pour but de faire revivre cet esprit dans la ville à nouveau.  J’ai le sentiment que Jackie Robinson est avec nous dans cette aventure.

Something’s happening